Les études sur les micro-déchets et les microplastiques en particulier s’accumulent pour déterminer leurs impacts dans l’environnement et leur risque potentiel pour la santé. Les plastiques sont étudiés depuis des années, notamment leurs répercussions dans les océans et les séquelles sur la faune, mais les connaissances de l’impact de leur fragmentation est encore lacunaire.
Les micro-déchets ont une taille inférieure à 5mm et sont omniprésents dans les écosystèmes. Facilement lessivés par les eaux de pluie et les eaux de fonte, ils peuvent être transportés sur de très longues distances et affecter toute la chaîne alimentaire. En effet, les organismes peuvent facilement les ingérer. Non biodégradables, ils s’accumulent dans l’environnement, et tout au long de la chaîne alimentaire : c’est ce que l’on nomme les phénomènes de bioaccumulation et de bioamplification.
Ce projet réalisé par Claude Bernhard pour Summit Foundation, rassemble 20 images de fragments de micro-plastiques, tous d’une taille comprise entre 1 et 5mm. La démarche de la photographe valaisanne vise à rendre visible l’invisble, pour répondre à la question que nous sommes nombreux à nous poser: « Les micro-plastiques, ça ressemble à quoi? ».
Retrouvez ci-dessous les photographies de Claude Bernhard. Chaque semaine, une nouvelle image viendra compléter cette galerie jusqu’au printemps 2021 et l’arrivée d’une nouvelle saison de ramassage en montagne.
Le problème dans le monde
La production annuelle de plastique a atteint 348 millions de tonnes en 2017 (Source: PlasticsEurope) et cette quantité devrait doubler d’ici 2030 (Source: Heinrich Böll Stiftung). La moitié sert aux emballages à usage unique.
Selon les études, 3% à 10% sont déversés dans l’environnement, où le plastique se fragmente, jusqu’à se retrouver absolument partout. Selon une étude publiée en 2019, un être humain ingère en moyenne plus de 5g de micro-plastiques par semaine, l’équivalent d’une carte de crédit (Source: WWF) !
Au-delà du transport des déchets (macro-déchets, micro-déchets et nano-déchets) par l’eau, les micro-plastiques sont également transportés par le vent.
Le plastique menace la sécurité alimentaire, la santé humaine, le tourisme sur les côtes et contribue au changement climatique.
Le problème en Suisse
50 tonnes de plastique entreraient chaque année dans le Léman (source: ScienceDirect).
Selon les modèles, 1% à 5% des plastiques sont en suspension dans l’eau, le reste coule au fond.
Résultat: <5 tonnes par an ressortent du Léman par le Rhône.
De premiers travaux scientifiques ont montré leur présence dans des régions totalement inhabitées, y compris dans des lacs de montagne au-delà de 1500m (Source: Aqualti).
La Suisse est le château d’eau de l’Europe. Or nos eaux sont aussi polluées que le sont celles de la Mer Méditerranée (Source: Oceaneye).
Il est urgent d’agir contre la pollution aux plastiques, aussi dans nos montagnes et nos eaux, en documentant davantage la problématique, en informant le grand-public pour une prise de conscience des enjeux et en faisant connaître les solutions alternatives aux emballages à usage unique, toujours plus nombreuses et plus performantes.
Claude Bernhard
Géochimiste de formation, avec une spécialisation dans les datations d’eaux souterraines en milieux arides, Claude Bernhard travaille actuellement comme journaliste scientifique et photographe-reporter, principalement sur les thématiques liées au réchauffement climatique dans les Alpes et aux questions relatives aux ressources en eau.
Auteure de deux ouvrages richement illustrés (« Evolène, Regard sur un paysage » et « La Voix des Eaux, des Alpes au Léman »), elle cherche à offrir un nouveau regard sur les enjeux environnementaux, alliant la pertinence scientifique à l’esthétique de la photographie.
Découvrir son univers: www.claudebernhard.com
Remerciements
- Claude Bernhard
- Nathalie Chèvre, UNIL
- Serge Stoll, UNIGE
- Hans-Rudolf Pfeifer, UNIL
- Ninian Hubert Van Blyenburgh, UNIGE
- Hans Peter Kohler, EAWAG
- Marc Bernard, Service de l’environnement, Section protection des eaux, Canton du Valais
- Pierre-Yves Bernhard
- Commission internationale pour la protection des eaux du Léman, CIPEL